Travail sur les rêves: la question du sacré (2)

Lorsqu’on demanda à Jung s’il croyait en Dieu, il fit une déclaration qui fut fort mal comprise:
« Je ne crois pas, je sais ».
Cette réponse donna naissance à de nombreux malentendus et on accusera bien à tort Jung d’avoir une connaissance métaphysique de Dieu. A un universitaire qui lui demande comment il peut prétendre ne pas « croire » mais « savoir » à propos de Dieu, il répond, en tant que scientifique et médecin : « Je n’ai pas besoin de croire en Dieu, je sais que je suis manifestement confronté avec un facteur inconnu en lui-même, que j’appelle Dieu. » Il reconnaît qu’il existe une image de Dieu inscrite dans notre inconscient collectif dont on peut faire l’expérience. Mais cette expérience reste subjective et indicible.

« Tout ce que les humains affirment au sujet de Dieu n’est que pur bavardage car nul ne peut connaître Dieu. » Si le psychologue affirme l’existence d’une empreinte de Dieu dans la psyché, il ne se prononce pas pour autant sur son existence objective ou non.
« Il existe au fond de la psyché une dimension intrinsèque du numineux; et notre souffrance la plus intime et la plus grave est souvent celle de notre âme de ne pas se voir reconnue. » (Jung et la Question du Sacré 149). Jung pensait que le contact avec la dimension sacrée de la réalité psychique, au-delà de toute croyance en une religion particulière, constituait le véritable facteur thérapeutique :

« Ce qui m’intéresse avant tout dans mon travail n’est pas de traiter les névroses mais de me rapprocher du numineux...l’accès au numineux est la seule véritable thérapie…Pour autant que l’on atteigne les expériences numineuses, on est délivré de la malédiction que représente la maladie. La maladie elle-même revêt alors un caractère numineux. » (Correspondances Lettre du 28 août 1945 à P.Martin)

Ces expériences présentent une telle singularité qu’elles ne peuvent véritablement être transmises. et que ne peuvent les comprendre que ceux qui , chacun à leur manière, ont vécu la même chose. C’est l’émotion profonde et durable qui les accompagne qui, très souvent, permet à l’analysant de retrouver un sens à sa vie.

Jung ne nie pas ce que dit Freud lorsqu'il dénonce l'illusion dans la religion. Car Freud met le doigt sur certaines pratiques, certaines formes religieuses dont on peut penser qu'elles sont bâties pour éviter cette expérience primordiale dont l'extraordinaire puissance peut menacer la personne. Jung reconnaît aussi que beaucoup de gens croient en Dieu comme à un substitut du Père et dont la croyance relève de la névrose.
Jung appelle libido toute énergie psychique et pas seulement l’énergie sexuelle.

Travailler les rêves de cette manière c'est comprendre que nous sommes mus par des énergies que nous ne contrôlons pas: nous ne les créons pas, elles nous créent. Les rituels, qu'ils soient privés ou publics religieux ou analytiques, canalisent ces énergies.

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